OSTEOPATHIE AU COURS DU SYNDROME DE L'INTESTIN IRRITABLE: ETUDE
RANDOMISEE CONTROLEE VERSUS TECHNIQUE FICTIVE


Florance Blanche-Maëlle 1 , Sophie Marjoux 2 , Jean Pierre Laurens 1 , Jean Luc Payrouse 1 ,
Xavier Hébuterne 2 , Thierry Piche 2
1 Centre d'osteopathie ATMAN, Sophia Antipolis,
2 Hepatogastroenterologie, Hôpital Archet 2, CHU de Nice

Publié dans: European Journal of Gastroenterology and  Hepatology.

Introduction: L'ostéopathie est un traitement alternatif qui pourrait être utile au cours du syndrome de l'intestin irritable (SII). L'effet de l'ostéopathie sur la sévérité des symptômes de SII reste mal documenté.

 

But : Evaluer l'effet de l'ostéopathie sur la sévérité du SII dans une étude contrôlée en simple aveugle.

 

Malades et Méthodes : 30 malades (23 F, 7 H, 45,8±16,4 ans) atteints de SII selon les critères de Rome 3 ont été inclus prospectivement. Deux séances d'ostéopathie (n=20) ou de procédure fictive (n=10) étaient réalisés en simple aveugle à 7 jours d'intervalle. L'ostéopathe effectuait des manipulations et des mobilisations vertébrales pendant 30 minutes alors que des massages dorsaux superficiels étaient réalisés en cas de procédure fictive. La sévérité du SII (score de Francis), son impact sur la qualité de vie (échelle semi quantitative), l'anxiété et la dépression (HAD) étaient mesurés avant chaque séance (J0 et J7) et 3 semaines après l'arrêt du traitement (J28). Les traitements de fond (antispasmodiques, laxatifs ou freinateurs du transit) n'étaient pas modifiés pendant toute la durée de l'étude. Le test ANOVA servait à comparer les groupes. Un p < 0,05 était considéré comme significatif.

 

Résultats : Le score de sévérité du SII diminuait dans les deux groupes à J7 et à J28. A J7, la baisse du score de sévérité du SII était significativement plus marquée chez les malades traités par ostéopathie comparé à ceux traités par procédure fictive (-103±106 vs –30±41, p=0,04). Cette différence disparaissait 3 semaines après l'arrêt du traitement à J28 (-75±109 vs –47±75 respectivement sous ostéopathie ou procédure fictive, p=0,4). La baisse du score de sévérité du SII était associée à une amélioration de la qualité de vie qui était significativement plus marquée chez les malades traités par ostéopathie que chez ceux traités par procédure fictive (p=0,02). A J7, les scores d'anxiété et de dépression n'avaient pas baissé (16,4±7,2 vs 15,7±7,8 respectivement pour l'ostéopathie et la procédure fictive). Une diminution des scores d'anxiété et de dépression était observée à J28 mais sans différence significative entre les deux groupes (6,2±5,3 vs 6,7±4,7). L'effet des traitements sur la sévérité du SII n'était pas influencé par le phénotype dominant des malades (diarrhée, constipation, alternant).

 

Conclusion : L'ostéopathie permet d'améliorer la sévérité du SII à court terme, en particulier les douleurs et l'inconfort digestifs. Le mécanisme d'action de l'ostéopathie repose plus sur un effet lié aux manipulations vertébrales qu' au contrôle des troubles psychologiques.